L'été ardent (1969)
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Allan (p.12) Allan, je le rencontre aux réunions des responsables de secteur. Des circonstances peu propices aux relations personnelles. Les ordres du jour s’épuisent tard dans la nuit et nous n’avons guère envie de prolonger les séances pour entretenir des amitiés particulières. Mes échanges avec ce camarade se sont longtemps cantonnés au strict nécessaire requis par nos activités militantes. ... lire la suite |
La bibliothèque (p.14) Dans la cuisine, que nous traversons maintenant en silence, je suis frappé par l’imposante bibliothèque installée face à la fenêtre. La pièce tout entière se reflète sur ses portes vitrées. Les couleurs vives de la toile cirée couvrant la grande table, les ustensiles suspendus au bandeau de la cheminée, la masse sombre de la vieille cuisinière poussée sous la hotte monumentale, tous ces objets impriment leur image insolite au dos des volumes alignés sur les rayonnages. ... lire la suite |
Un tumulte passionné (p.20) L’homme au visage creusé qui m’a conduit jusqu’à la salle commune et dont il me semblait que le rôle devait se cantonner à celui d’un maître de maison offrant avec une méfiance toute paysanne l’hospitalité aux invités de son fils, à ma grande surprise, se mêle à la conversation. Loin de vouloir tempérer nos envolées subversives, il prend plaisir à défendre lui aussi, sur un ton paradoxalement mesuré, les positions les plus radicales. ... lire la suite |
un calme inhabituel devant le lycée (p.24) Il régnait un calme inhabituel devant le lycée. Il n’y avait presque personne sur le trottoir ni sur les marches où se regroupent habituellement les externes. Les grandes portes vitrées étaient restées fermées. À l’intérieur, la cour était déserte. Seul le portillon de la loge était ouvert. Quelques personnes en barraient le passage. Parmi elles, nous avons reconnu le surgé et des enseignants avec un paquet de tracts à la main. ... lire la suite |
L’usine métallurgique (p.29) J’ai accepté, sans trop me faire prier, de me joindre à une opération qui consistait à faire le tour des zones industrielles par petites équipes pour aller engager le dialogue avec les ouvriers. C’est ainsi que je me suis retrouvé en compagnie de cinq ou six jeunes tout aussi novices que moi devant les grilles d’une imposante usine métallurgique. J’en connaissais la grande toiture en sheds visible au loin depuis les baies du lycée, mais je ne m’étais jamais approché de ses bâtiments ni de sa vaste cour que je découvrais à cet instant à travers les barreaux du portail. ... lire la suite |
Par milliers, les ouvriers des vallées... (p.36) L’après-midi, lorsque le cortège a déroulé son interminable ruban tout au long de l’avenue qui conduit à la Préfecture, j’ai reçu en pleine face le déferlement de la réalité sociale que j’avais jusqu’alors ignorée. ... lire la suite |
Elle te plaira, me dit Allan (p.44) « Elle te plaira, me dit Allan, c’est une fille super. On se connait depuis toujours… nous avons fait des tas de bêtises ensemble ! » Il a prononcé ce « elle te plaira » d’un ton enjoué, avec un brin de mystère, comme s’il m’avait préparé une bonne surprise. Aucune des filles présentes n’avait jusqu’alors éveillé l’idée d’un flirt et je m’étais résigné à des relations de simple camaraderie avec tous les protagonistes de la fête. ... lire la suite |
Elle est arrivée, l’invitée promise (p.46) Elle est arrivée, l’invitée promise. Elle est là, parmi nous, dans la salle à manger. Elle a débarqué au moment où personne ne l’attendait plus, où je m’étais moi-même résigné à une soirée maussade. ... lire la suite |
Vous devriez rire plus souvent (p.66) « Vous devriez rire plus souvent de vos slogans. Cela vous éviterait de toujours les débiter comme de lugubres prophéties », me souffle-t-elle avec un peu d’ironie. Je ne trouve rien à répondre à cela. Dora aspire à un monde pacifié et fraternel et je crois que celui qui surgit de nos conjectures dogmatiques l’épouvante. « Beaucoup se détournent de vous à cause de la violence de vos querelles internes », ajoute-t-elle d’un ton plein de reproches. ... lire la suite |
les manèges voltigent (p.91) Sur la place, les manèges voltigent au milieu de la foule. Les sonos hurlent des ritournelles et sur le plancher les couples continuent de tourner. Nos amis attablés dans la grande salle du café saluent notre retour de sourires entendus et de questions scabreuses. ... lire la suite |
me dérober aux travaux de l’exploitation (p.107) Bien sûr, il m’en coute de me dérober aux travaux de l’exploitation, de laisser à d’autres le soin de conduire la moissonneuse dans les emblavures où blondissent les blés et où se couchent les orges alourdies de grains mûrs. Il m’en coute de déserter les prairies où les regains gonflés de sèves se fanent sous la chaleur du soleil déclinant. ... lire la suite |
L’obscurité a envahi l’alpage (p.134) Dehors, l’obscurité a envahi l’alpage. Les sommets découpent une ligne noire dans l’encre bleutée du ciel. Nous faisons quelques pas dans la côte, fuyant les lumières qu’éparpillent dans le noir les réverbères du bourg. ... lire la suite |
Entretien avec Carole Détain CD – Dans ce roman, vous mêlez avec beaucoup de cohérence les histoires d’amour et les évènements politiques. Comment s’est fait cet assemblage ? ... lire la suite |