Trafic - Yves Thommerel
En sept tableaux plus ou moins cohérents, cette pièce un peu longuette et bavarde met en scène deux trentenaires en butte aux vicissitudes d’une vie quotidienne pitoyable et à des rêves d’évasion auxquels ils ne croient pas eux-mêmes. Le sujet aurait pu donner matière à creuser dans les aspirations profondes de cette génération intermédiaire, improductive d’histoire, livrée aux appétits décomplexés de l’ultralibéralisme, mais la pièce reste rivée à un duo de personnages, sympathiques certes, mais caricaturaux, trop conformes à ceux qui se peignent eux-mêmes avec complaisance sur le net (No life, no futur, vie de merde…). Leurs pitreries relèvent plus du café-théâtre que d’une scène nationale censée monter des œuvres exigeantes. L’intervention d’un troisième larron n’est qu’un ajout dissonant sans grand intérêt. Quant à Paula, la fille d’un des compères qui apparait tantôt en vidéo, tantôt sur scène — on se demande bien pourquoi —, interpose dans le jeu des récits inutiles ralentissant le rythme. Les deux comédiens principaux sont excellents, mais cela ne suffit pas à donner une véritable épaisseur à des personnages et à des propos trop attendus.