Grande braderie solidaire
Samedi matin, 9h50. Dans le grand salon d’honneur de la Mairie du XXe, transformé le temps d’un week-end en une immense boutique de prêt-à-porter, une armée de bénévoles s’active autour des étals et des portants de vêtements. Ils déballent les derniers cartons apportés par les brigades de réassort dont les charriots virevoltent avec adresse dans les couloirs du bâtiment. Ça crie, ça gesticule, ça s’interpelle. Tout cela dans la bonne humeur, non pourtant sans une certaine nervosité : dans moins de 10 minutes, la Grande Braderie de la Solidarité, organisée par l’association Autremonde, ouvre ses portes au public. Celui-ci, fidèle au rendez-vous, s’est agglutiné dès les premières heures de la matinée sur le parvis de la mairie. Le long de la rue Belgrand, sa longue file s’étire jusqu’au square Édouard Vaillant. Il faudra pour certains patienter près de deux heures avant d’atteindre le haut de l’escalier d’honneur, et pénétrer enfin dans ce qui est devenu pour quelques heures un haut lieu de la mode. Une mode accessible à tous. Ici, on trouve à petits prix des articles de grandes marques et de jeunes créateurs qui ont fait don d’une partie de leur collection à cette manifestation de solidarité.
À la tête de cette opération complexe : Andréa, responsable des partenariats et mécénats au sein de l’association. Vêtue d’un gilet jaune fluo pour que chacun puisse la repérer facilement dans la marée humaine qui va envahir la salle, elle donne des directives, règle les litiges, rassure et motive les plus jeunes et, tel un général en campagne, grimpe sur une estrade pour rappeler à tous les consignes de dernières minutes. À 9h tapante, chacun est à son poste. Les premiers visiteurs, canalisés par un discret service d’ordre, entrent dans la salle. Il est demandé un droit d’entrée solidaire de 2€. Il faut aussi déposer au vestiaire sacs et manteaux. Chacun se soumet avec compréhension à ces mesures de sécurité. Autour des rayons, c’est déjà la bousculade. Une bousculade familière aux habitués des soldes, mais ici vendeuse et vendeur sont des bénévoles peu entraînés à subir le coup de feu des grands-messes commerciales. Il leur faudra une bonne dose d’enthousiasme et d’énergie pour tenir debout pendant ces deux journées, même s’il est prévu des changements d’équipe qui permettront à chacun de prendre quelques moments de repos. Aux caisses, on a mobilisé des bénévoles habitués au maniement des calculettes et autres terminaux de cartes bancaires. Il faut de la rapidité et beaucoup de rigueur.
La file d’attente s’allonge et les acheteurs devront faire preuve d’un peu de patience avant de pouvoir emporter leurs sacs gonflés d’une nouvelle garde-robe et de petits cadeaux qu’ils comptent offrir à Noël. Tiens, ça tombe bien ! À Autremonde on prépare aussi Noël. Pendant que les bénévoles mobilisés pour la braderie sont en pleine action, une autre équipe s’active dans les locaux de l’association pour réparer le réveillon où seront conviées des personnes en situation de précarité. La braderie contribuera au financement de cette soirée, mais assurera également une part importante du budget nécessaire aux activités courantes de l’association : accueils de jour à la cafeteria rue de la Mare, camions d’accueil dans les gares, maraudes nocturnes, ateliers culturels et ateliers d’apprentissage du français à l’attention des migrants.
Cette année encore la braderie a rempli son contrat. Tout comme les donateurs, les bénévoles ont répondu présents et les acheteurs sont venus très nombreux. Et peut-être que parmi eux certains viendront pousser la porte d’Autremonde pour devenir à leur tour des acteurs bénévoles de la lutte contre l’exclusion sociale.