Je disparais - Arne Lygre

Deux femmes sont amenées à quitter leur domicile et leur pays en raison d’une menace dont on ignore la nature mais qui pèse sur elles de façon vitale. Alors, pour parer à l’angoisse de ce départ elles se livrent à des jeux de rôles consistant à se mettre dans la peau de personnes subissant des situations plus périlleuses encore que celle que les menace. Les simulations qu’elles font de la mort et du deuil prennent une fonction cathartique. La mise en scène est minutieusement réglée, le décor épuré, les lumières structurent l’espace. Tout concourt à construire un univers cérébral en résonance avec les propos didactiques de l’auteur. Il aurait peut-être fallu, pour aller au bout de ce parti pris, un jeu moins organique de la part de certains comédiens. Mais l’ensemble est assez réussi. Dans les derniers tableaux apparaît un personnage qui n’a pas voulu fuir et qui poursuit sa vie avec une autre femme. Veut-il démontrer l’inutilité de la fuite, la fragilité du passé ? Lors de la rencontre-débat du 5 décembre, l’auteur a suggéré une explication intéressante de la signification de la continuation de la pièce après la mort du personnage principal : après la disparition des héros et des victimes, la vie continue. Seuls comptent les survivants ramenés alors à leur solitude et leur velléité de compassion.