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Réveil en fanfare

Ce matin, un raffut venant de la rue m’a tiré du lit avant l’aube. Crissements de pneus, coups de freins brusques, bruit étouffé d’un choc suivi de cris montant par salves dans le silence nuiteux. Mêlée au tintamarre, une sirène de police hurle. Dans le trouble comateux du réveil, j’ordonne peu à peu l’enchainement de tous ces bruits mêlés. Il ne s’agit pas d’un banal accident. Pourquoi ces cris, cette sirène hurlante ? C'est probablement une course poursuite entre voyous et policiers qui vient de trouver son épilogue brutal sous mes fenêtres, au pied de mon immeuble, là où il ne se passe jamais rien. Les pieds dans mes savates je me précipite dans la pièce voisine. Les volets n’y sont jamais baissés. Penchée à la fenêtre, j’aperçois en bas, grimpée sur le trottoir, une voiture, portes ouvertes, apparemment sans dommage. Plus loin, une autre est encastrée dans un mur voisin. Au milieu de la rue, deux hommes sont au sol et s’empoignent. L’un prend le dessus et passe les menottes à celui qui se débat, mains tenues fermement dans le dos, tête pressée contre le macadam. Les cris cessent. L’homme menotté ne se débat plus. Le flic se relève, haletant. Il s’éloigne de quelques pas. Tente de retrouver son souffle. L’interpellation a été rude. Mais l’adrénaline reflue. Il se détend. Se tourne vers le type recroquevillé au sol : « ça va ? » Ce dernier se contente de grommeler. Peut-être des injures ou un remerciement ? Finalement, il n’a pas été brutalisé au-delà du nécessaire et le flic a la délicatesse de s’enquérir de sa santé. Plus loin, dans la rue adjacente, cachée à ma vue, il y a eu d’autres arrestations musclées. Des flics apparaissent. Ils se congratulent avec un rire de soulagement, puis s’engouffrent dans une voiture qui démarre en trombe. La chasse est relancée. D’autres complices courent peut-être encore. Quelques minutes plus tard, deux fourgons arrivent à contresens. Ce sont des renforts en uniforme chargés de boucler le quartier. Pour une rue si petite, si tranquille, tout ce déploiement semble démesuré, mais la police a ses usages. Bientôt un des fourgons repart vers le commissariat avec sa cargaison de malfrats. L’autre, flanqué de factionnaires, restera longtemps stationné au milieu du carrefour. Pour moi, il est tant de retourner dormir.

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