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Je dissous, tu dissous, il dissout…

Ce verbe, Emmanuel Macron aurait dû le conjuguer 7 fois dans sa bouche avant de le claironner avec jubilation au soir d’un fameux 9 juin qui restera dans les annales. Le verbe a retenti si fort qu’il a laissé notre président sans voix. Du moins sans assez de voix. Du coup, le voici aphone, alors il écrit aux Français.

D’après lui, personne n’aurait gagné. Pourtant les chiffres sont là. NFP : 182 sièges, Macron 168, le RN est encore plus loin derrière. Pas besoin de photo finish. C’est bien le NFP qui a gagné et Macron a perdu.

Il parle alors de blocs, de coalitions, d’institutions, de valeurs, de partage, d’intérêt supérieur, d’État de droit, de parlementarisme, d’orientation européenne, d’indépendance française, de dialogue, de majorité solide, de majorité plurielle, de projet pragmatique, de stabilité institutionnelle...

Je ne comprends rien à tout ce charabia. Au lieu d’admettre sa défaite, il fait le difficile. Il trépigne et menace : mettez-vous d’accord avec moi, sinon je fais un malheur ! « D’ici là, le Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités... » Le nouveau premier ministre sera nommé à Pâques, à la Trinité… ou à la Saint-Glinglin.

On pourrait sourire d’un tel infantilisme, d’une telle outrecuidance. Mieux vaudrait s’en inquiéter. Car notre enfant gâté ne dit rien de ce qu’il ferait si la coalition docile et malléable qu’il appelle de ses vœux tardait à se mettre en place. Les principes constitutionnels de la Ve République sont suffisamment flous et lâches pour qu’une personnalité aussi perverse que Macron s’en serve pour mettre en place un État autoritaire (nous n’en sommes pas si loin après les lois d’exception de 2015, les conseils de sécurité COVID et la répression de plus en plus violente de toute opposition exprimée dans la rue).

Les retournages de veste sont une pratique courante dans le monde politique, le pari de Macron n’est donc pas si extravagant. Beaucoup à droite et à gauche sont prêts à lui venir en aide en échange d’une vague promesse de marocain.

Seulement, il y a un hic. Le NFP en réalisant l’union des partis de gauche autour d’un programme de mesures sociales concrètes et immédiates (abrogation de la réforme des retraites, hausse des salaires) a suscité une mobilisation exceptionnelle de l’électorat populaire. Quels que soient les manœuvres, les compromissions, les reniements, cet électorat n’est sans doute pas disposé à accepter que les engagements pris ne soient pas tenus. Les professionnels de la magouille et des promesses en l’air seraient bien inspirés de renoncer à leurs vieilles combines sous peine réveiller la colère populaire.

Macron voulait la clarification, elle est en marche. La dissolution a transformé la crise politique et sociale en crise institutionnelle. Elle a mis à nu l’incompatibilité qu’il y avait entre la satisfaction des revendications sociales, légitimées par le résultat du scrutin, et le maintien des institutions de la Ve République et conséquemment celles de l’Union européenne. La crise actuelle trouvera un dénouement démocratiquement par une mobilisation populaire qui balayera ces institutions, ou bien le pays s’enfoncera dans la longue nuit des régimes autoritaires.