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un calme inhabituel devant le lycée (p.24)

Il régnait un calme inhabituel devant le lycée. Il n’y avait presque personne sur le trottoir ni sur les marches où se regroupent habituellement les externes. Les grandes portes vitrées étaient restées fermées. À l’intérieur, la cour était déserte. Seul le portillon de la loge était ouvert. Quelques personnes en barraient le passage. Parmi elles, nous avons reconnu le surgé et des enseignants avec un paquet de tracts à la main. Rassurés par la présence des profs, nous nous sommes approchés. Le surgé nous a apostrophés sur un ton bienveillant que nous ne lui connaissions pas. L’établissement était fermé, nous a-t-il dit. Mais nous pouvions déposer nos valises à l’internat et revenir dormir le soir si nous n’avions pas trouvé de moyens de transport pour rentrer dans nos familles. Le prof de maths a expliqué que les enseignants étaient en grève pour défendre les libertés universitaires. Ils condamnaient la répression contre les étudiants et avaient eux aussi déposé leurs cahiers de revendications. Nous avons pris le tract qu’il nous tendait et, sans demander notre reste, nous nous sommes engouffrés par la petite porte qu’on nous autorisait à franchir.

Saisis par le silence d’un lieu qui aurait dû à cette heure-là bruire de l’agitation de son millier d’occupants, nous avons traversé d’un pas hésitant le hall et la cour déserte du bahut. Un calme tout aussi impressionnant régnait à l’intérieur des bâtiments. Je fus déçu de ne pas trouver trace de mes compagnons de dortoir. Ils avaient probablement anticipé l’appel à la grève qui avait circulé dès le samedi dans tout le pays. La plupart étaient des enfants d’enseignants ou d’employés habitant les bourgades de la vallée. Ils étaient parfaitement informés des mots d’ordre syndicaux relayés par leurs parents et en avaient docilement suivi les consignes en étant restés dans leur lit ce matin-là.

Isolé dans ma campagne, je n’avais entendu l’appel à la grève que noyé dans le flux des communiqués et des déclarations contradictoires diffusées par la radio. Je n’en avais pas mesuré la portée. Je ne pouvais deviner que mon lycée, réputé pour sa tranquillité sociale, allait entrer brusquement dans le mouvement et que j’allais recevoir sur ses marches, par ceux-là mêmes qui en garantissaient depuis toujours l’ordre inébranlable, un accueil si déroutant.

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